Quand Elon Musk réinvente la vérité...
Il fallait s’y attendre. Après les voitures, les fusées, les cerveaux connectés, les plateformes de haine et les satellites espions, Elon Musk s’attaque désormais à… la connaissance.
Et comme d’habitude, il a trouvé le moyen de la rendre payante en idéologie : bienvenue dans Grokipedia, l’encyclopédie “libre” (surtout de tout sens critique).
Une encyclopédie "anti-propagande"… rédigée par une IA qui lit Twitter
Grokipedia, c’est le nouveau projet de la société xAI, la filiale “intelligente” de Musk. L’idée ? Remplacer Wikipédia, ce repaire “d’activistes gauchistes” (dixit Elon), par une version purifiée, générée par son IA maison, Grok, qui a visiblement fait ses études sur 4chan et dans les commentaires de YouTube.
La version actuelle (0.1) compte déjà 885 000 articles, c’est impressionnant, surtout quand on sait que la plupart ont été écrits sans aucun être humain sobre dans la boucle. Mais Musk promet une v1.0 “dix fois meilleure”, car évidemment, le chiffre 10 fait sérieux quand on vend du rêve à 44 milliards.
« La vérité, toute la vérité, rien que la vérité. »
Elon Musk, prophète autoproclamé de la neutralité… sur X.
Sur Grokipedia, la page dédiée à Elon Musk est déjà un chef-d’œuvre de neutralité :
« Visionnaire incompris, innovateur persécuté par les médias gauchistes. »
Oui, vous avez bien lu. Même les pages qui le concernent respirent une objectivité digne d’un communiqué du Kremlin.
Et pour les sujets plus sensibles, comme Black Lives Matter, Grokipedia sait “nuancer” :
“Le mouvement a mobilisé des millions de personnes, mais a aussi causé des émeutes, les plus coûteuses de l’histoire.”
Un peu comme si on disait :
“La Seconde Guerre mondiale a permis de grands progrès dans l’aéronautique.”
C’est factuellement vrai… mais bon, légèrement hors-contexte.
Wikipédia panique, les robots écrivent plus vite qu’ils ne peuvent corriger
Pendant ce temps, du côté de Wikipédia, l’ambiance est morose. Le site perd 8 % de trafic en un an, pendant que les IA pompent ses pages pour générer leurs propres contenus et se citent mutuellement en boucle. Une boucle parfaite d’auto-désinformation où l’humain n’est plus qu’un bug syntaxique.
Le directeur de Wikimédia France s’inquiète :
“Les IA créent de faux sites d’information qui se retrouvent ajoutés comme sources.”
Autrement dit, les robots fabriquent des mensonges… puis s’en servent comme preuves pour valider leurs propres mensonges. C’est beau, le progrès!
Neutralité 2.0 : maintenant avec option “biais intégré”
Wikipédia revendique depuis toujours un “point de vue neutre”. Grokipedia, elle, propose une alternative révolutionnaire :
“Un point de vue neutre… mais du bon côté.”
Et ça plaît. L’ultranationaliste russe Alexandre Douguine, par exemple, trouve son article “juste et objectif” sur Grokipedia, un exploit, puisque le sien sur Wikipédia était, selon lui, “diffamatoire”.
Rien de mieux qu’un peu d’autoritarisme numérique pour se sentir compris.
Pendant ce temps, les faits fondent au soleil de Mars
Elon Musk promet que Grokipedia sera “en open source”, donc “libre et gratuit”. Mais rassurez-vous : open source ne veut pas dire “ouverte à la contradiction”, c’est juste une manière élégante de dire :
“Vous pouvez relire le code, mais pas les faits.”
Le futur de l’information s’annonce donc radieux :
- des encyclopédies IA qui se contredisent en temps réel,
- des humains qui débattent pour savoir si la Terre est plate ou juste “géométriquement patriote”,
- et un milliardaire qui détermine la vérité depuis sa Tesla en orbite.
Entre Wikipédia qui s’épuise à nettoyer les fausses sources, et Grokipedia qui les génère à la chaîne, on peut affirmer que l’âge de la stupidité auto-documentée est officiellement ouvert.
Bientôt, l’histoire elle-même sera un simple algorithme de suggestion.
Mais après tout, si la vérité devient une opinion, pourquoi ne pas la confier à celui qui a déjà réinventé le paiement, la voiture, l’espace et… la modération sur Internet ?
Elon Musk l’a dit :
“Grok dit la vérité, car Grok n’a pas de biais.”
Ah, évidemment. C’est connu : les algorithmes, eux, n’ont jamais d’opinion.
Sources :
Commentaires (2)
He bien on est pas sorti de l'auberge.
Les bouquins de science-fiction de mon enfance vont bientôt devenir de la lecture pour enfants du primaire tellement ils vont devenir obsolètes st surtout gentillets.
Heureusement, je suis beaucoup plus près de ma fin de vie que du début. Le monde qui se prépare, que se soit dans l'anarchie et la stupidité de nos hémicycles ou à l'international avec des dictateurs au sommet des grandes puissances, n'est vraiment pas pour moi.
Bah moi non plus je ne suis plus sous garantie, mais j'espère (et je le souhaite de tout coeur) que mes enfants et leurs enfants plus tard suivront le "combat" et ne tomberons pas dans médiocratie ambiante actuelle.
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